Sékou - 15 mois

La décision médicale à prendre pour sauver Samba est l’une des pires. L’histoire de ce tout jeune enfant, et les circonstances qui ont conduit à devoir l’amputer de l’avant-bras droit, sont difficiles à accepter sous nos latitudes.

Le petit s’appelle Samba KANTÉ : ce nom signifie que son père, âgé de 42 ans, appartient à la caste mandingue des « griots », ou conteurs africains qui transmettent oralement les récits mythiques dans les manifestations. Au quotidien, cela veut aussi dire pour sa famille, qu’il n’a hélas ni véritable activité ni ressources. La famille habite au village de Sagabari, toujours dans la région de Kita, que Google Maps situe également à une cinquantaine de kilomètres de la route goudronnée, et donc enclavé en période de pluies.

Pour trouver de « petits travaux » et nourrir sa famille, la mère de l’enfant, 38 ans, s’était déplacée dans la terrible zone d’orpaillage traditionnel de Keniéba. Là, pas de couverture médicale ; de prétendus « agents de santé » ambulants sillonnent le secteur. Samba présentant une quelconque affection banale de nourrisson, sa mère s’est adressée à l’un d’eux, qui a pratiqué une injection dans l’avant-bras droit.

L’inflammation du bras, puis la nécrose de la main, sont apparues en quelques jours. « L’agent de santé », rappelé à l’aide, a fait un bandage compressif… et assuré que tout allait bien se passer… ! Le 19 Novembre, les parents étant venus avec leur fils au Service de Chirurgie Pédiatrique du CHU G.Touré à BKO, lorsque le Dr. Mamadou Koné nous a appelés à l’aide à la demande du Dr. Y. Coulibaly, la gangrène gazeuse avait gagné tout l’avant-bras. Ne restait plus guère de temps avant une septicémie généralisée. Le père du petit était injoignable, reparti en brousse pour tenter, vainement, de trouver une partie des 1 150€ nécessaires.

Les photos reçues ont été transmises aussitôt aux médecins de l’association, qui ont confirmé le verdict.

Les Cerfs-volants de Goulven ont fait le virement le 20 Octobre vers 11 heures, l’amputation a eu lieu le soir même vers 23 heures. Aujourd’hui, 28 Novembre, même si nous craignons toujours pour Samba la proximité de germes redoutables, le Dr. Koné nous rassure sur la cicatrisation. Il va tous les jours en visite à l’hôpital, et tient à assister lui-même à chaque pansement. Samba s’alimente bien et ses deux parents sont maintenant auprès de lui. 

 21 novembre 2014, lendemain de l'intervention

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25 mars 2015

Samba KantéLe séjour de Samba à l’hôpital a duré une douzaine de jours. Le Dr. Koné a assisté à chaque pansement pour s’assurer des conditions d’hygiène, et, malgré nos craintes liées à la gravité du geste opératoire, la convalescence et la cicatrisation se sont déroulées sans le moindre incident.

Comme la règle en a maintenant été instaurée pour les enfants habitant des villages isolés, l’association a trouvé un petit logement pour Samba et ses parents à Bamako, et assuré la nourriture pendant 3 mois.

La famille est rentrée fin février dans son village de Sagabari, en manifestant, malgré le handicap du petit, une grande reconnaissance. Nous avons le numéro de portable de son père qui a convenu de rester en contact avec M.Koné, en pensant, plus tard, à un appareillage.