Une nouvelle vie pour Aïssata

Première rencontre avec Aïssata à l’hôpital de Bamako - 8 Février 2010

Aïssata ARAMA a 10ans. C’est une petite fille de Bandiagara, au cœur du Pays Dogon. Le 8 Février 2010, nous l’avons rencontrée avec son père à l’Hôpital Gabriel Touré, à Bamako, en présence du Professeur Zanafon OUATTARA, chirurgien-urologue, (qui a déjà opéré avec succès Demba, notre petit premier patient), et de son adjoint, le jeune docteur Moumine Diarra.

Aïssata est vive, malicieuse et très attachante, mais lors de notre première rencontre, cela ne se devinait guère : c’était une fillette, farouche, apeurée, habituée depuis toujours à l’exclusion sociale. Quelques temps après, elle a même du, avec sa famille, quitter le village pour Bamako, étant traitée de « sorcière »

Aïssata souffrait en effet d’une exstrophie vésicale, malformation congénitale comme on en rencontre encore dans les pays défavorisés, alors qu’elles sont devenues rares chez nous. En langage profane, cela veut dire une vessie inexistante, l’urine gouttant à même la peau du ventre, par une excroissance inflammatoire, et sans aucun contrôle possible. Aïssata n’avait bien entendu jamais porté de changes jetables : cela ne se trouve pas à Bamako pour les grands enfants et aurait couté beaucoup trop cher à ses parents. Elle était donc incontinente en permanence, et, compte tenu des problèmes d’odeurs, évitait d’elle-même le contact des autres enfants, à l’exception de ses deux petites sœurs. Elle n’a ainsi jamais été scolarisée.

Le père d’Aïssata a rapidement épuisé ses ressources pour tenter de la faire soigner. De toutes manières, la pathologie d’Aïssata dépassait les moyens médicaux existant au Mali, et l’intervention ne pouvait avoir lieu qu’en France, en milieu pédiatrique spécialisé.

A notre retour, par l’intermédiaire du Dr. Coadou, urologue à la Clinique St. Michel à Quimper, nous avons obtenu l’accord du Professeur Benjamin FREMOND, Chef du Service de Chirurgie pédiatrique au CHU de Rennes qui a aussitôt, avec autant de simplicité que d’humanité, accepté de l’opérer et de la prendre en charge dans son service. Le Dr.Moumine Diarra acceptait de l’accompagner en France, souhaitant faire un stage de perfectionnement en endoscopie.

Ne restait qu’un détail: le cout d’une hospitalisation dans un tel service… Sur la base d’une hospitalisation de 12 jours et sans complications, un peu plus de 16000 euros…. !

Le budget a été réuni grâce aux 90 donateurs qui ont soutenu l’association en 2010.Le Partenariat Humanitaire d’Air France à bien voulu accorder la gratuité des voyages aériens…Et le 14 septembre, Aïssata arrivait à l’aéroport de Guipavas, accompagnée du Dr. Diarra, accueillis l’un et l’autre chez deux membres de l’association

Aïssata a été opérée le 30 Septembre avec succès. L’intervention à duré neuf heures…Et, après 11 jours d’hospitalisation, dont trois en réanimation pédiatrique, elle a retrouvé sa famille d’accueil pour un bon mois de convalescence sans problèmes. Notre gratitude va à toute l’équipe du Professeur Frémond et à l’ensemble des acteurs de cette belle aventure au CHU Hôpital-Sud de Rennes.

AÏssata dans son village - Octobre 2011Le Dr. Diarra, quant à lui, a effectué pendant ce temps son stage au Cabinet d’urologie à la Clinique Saint Michel, dans le service du Dr. Yves Coadou.

Aïssata a bénéficié d’un contrôle postopératoire rigoureux, grâce notamment à la généreuse contribution de la Clinique Saint-Michel et du Laboratoire des Douves à Quimper. Pour faire bonne mesure, elle a été traitée contre la bilharziose, et vaccinée contre l’hépatite et la méningite.

Aïssata et sa famille vivent maintenant dans leur village de Bodio au pays Dogon ; elle a intégré, à la rentrée de Janvier 2011, l’école primaire, qui comporte neuf classes, et elle passe dans la classe supérieure.

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mars 2012Aïssate nous montre sa belle écriture

Nous avons eu la grande joie de revoir Aïssata pendant deux jours, car son père et elle ont fait en bus le trajet jusqu’à Bamako (700km) pour nous rendre visite durant la mission des Cerfs-volants de Goulven. Des examens de contrôle ont été pratiqués par le Dr. Coadou… tout va bien. Mais le Pays Dogon n’est pas très loin de la zone de troubles du Nord-Mali ; de plus, les pluies n’ont pas été bonnes en 2011, et la famille Arama est très pauvre… A titre personnel, les membres de l’association ont donc offert au père d’Aïssata un sac de 50 kg de riz et deux sacs de 50 kg de mil pour nourrir la famille dans les semaines qui viennent.

Des enfants de l'école Jean Monnet à Quimper avaient aussi donné des sacs de vêtements qui feront le bonheur des trois soeurs.

Aïssata à Bamako en Mars 2012Aïssata - Mars 2012










 

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Mars 2014

Le Dr.Koné rentre de Nouna (Burkina Faso) où il est allé rechercher le matériel que "Les Cerfs-volants de Goulven" lui ont envoyé en Décembre 2013 par le container de Quimper. Au retour, il est passé par Bandiagara (Pays Dogon) et a rendu visite à la famille Arama au village de Bodio. Il a pu ainsi donner à Bintu, la maman d’Aïssata, les deux colis de vêtements, et les 75 euros que nous avions joints. M.Koné est arrivé un peu comme le messie: Bintu doit accoucher prochainement du 5ème enfant; le père, Boukary, est toujours dans les mines d'or: la famille manquait quasiment de toutes ressources...Koné a croisé la mère sur la route, qui allait chercher à 4 Km, cinq kilos de maïs et un 1/2 l d'huile donnés par la distribution alimentaire! Il a aussi pu vérifier qu'Aïssata est en très bonne santé et qu'elle est bien scolarisée en 4ème année (=CM 1); elle serait même très bonne élève.

Le Docteur Moumine Diarra s’occupe, quant à lui, d’organiser sa venue à Bamako, aux prochaines vacances de Pâques, pour l’échographie et le bilan sanguins annuels.

15 Mars 2014 - Aïssata dans son village de Bodio avec le Dr. Koné15 Mars 2014 - Aïssata reçoit nos colis de vêtements

 

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Août 2014

Aïssata - Mai 2014Aïssata est venue à Bamako le 13 mai dernier en compagnie de son père, pour son échographie annuelle et un ionogramme sanguin. Tous les résultats en sont satisfaisants.

Sa dernière photo, prise à cette occasion chez le Dr. Moumine Diarra, la montre toujours aussi belle, mais beaucoup plus grande que lors de notre dernière rencontre en 2012 !

 

 

 

 

 

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Août 2015

Aïssata et son pèreLe Dr. Moumine Diarra a réalisé comme chaque année les contrôles prévus pour Aïssata : échographie rénale, ionogramme sanguin, bilan parasitaire. Aïssata vient pour cette occasion de son village du Pays Dogon à Bamako, accompagnée par son père. Celui-ci a confirmé que sa fille ne présente plus le moindre problème d’incontinence, et qu’elle mène une scolarité et une vie absolument normales. Selon le Dr. Diarra, son état général est très bon, et les résultats des examens normaux. Quant à sa croissance, la photo est parlante. (Aïssata a maintenant 14 ans)

 

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20 Juin 2017

Malgré la misère de sa famille, que l’association aide de temps àAissata-Janvier 2017 autres modestement, notre belle « doyenne » va bien. A la différence des autres enfants opérés d’une exstrophie vésicale, son suivi médical est, depuis le début, étrangement simple : échographie rénale et ionogramme annuels réalisés à BKO au début des grandes vacances ; situation normale ; aucun traitement! Si elle est un peu souffrante, quelle qu’en soit la cause, Solou Ouologuem, son directeur d’école, nous alerte aussitôt.

En Février dernier, le Dr. Alexis Arnaud, du CHU de Rennes, nous a avertis qu’une endoscopie digestive post-opératoire de 10 ans serait à réaliser en 2020…Le plus compliqué avec Aïssata sera…de l’attraper!

 

 

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15 Février 2018

Aïssata a effectué ses derniers contrôles annuels au CHU du Point G à Bamako le 26 juillet 2017. Les contrôles d’urologie ont été effectués par le Dr.Berthé, et les contrôles gynécologiques par le Dr.M. Sima (qui venait également de séjourner à Quimper, chez le Dr. Charton, dans les semaines précédentes.) Les bilans sanguins sont, cette année encore, parfaitement normaux, sans le moindre traitement !

Aïssata et le Dr.M. Sima - Contrôles de Juillet 2017

Aïssata, illettrée quand nous l’avons accueillie en 2010, est maintenant en Septième année d’école. Elle est restée proche de l’association, et semble jouer un rôle important dans sa famille ; avec le téléphone portable que nous lui avons acheté, elle se manifeste souvent. Son père, Boukary, donne également régulièrement des nouvelles. De temps à autre, nous envoyons à la famille une petite aide alimentaire, car cette région du Pays Dogon est souvent en limite de famine…

Aïssata et son père-Contrôles de Juillet 2017Aïssata-Contrôles de Juillet 2017

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7 Novembre 2018

Aissata le 13 Juillet 2018Comme chaque année, Aïssata, accompagnée par son père, Boukary, est venue au mois de Juillet à Bamako pour ses examens de contrôle. Les résultats en ont été une fois encore tout à fait satisfaisants.

 

La région où vit Aïssata, le pays dogon, est de plus en plus insécure et connaît notamment des troubles interethniques. Le directeur de son école, Solou Ouologuem, avec lequel nous avons des contacts réguliers, nous tient informés au moindre problème.